Manneken-Pis : histoire et légendes du symbole de Bruxelles

L'histoire du Manneken-Pis remonte à plusieurs siècles. S'il attire les foules du monde entier, c'est autant pour sa légèreté sculpturale que pour les anecdotes qui l'entourent. Découvrez ce qui fait la légende de la fontaine la plus célèbre de Bruxelles et nos conseils pour organiser votre visite.

Si vous êtes en pleine préparation de votre séjour à Bruxelles, le Manneken-Pis figure sans doute déjà dans votre to-do list. Monument incontournable de la capitale, encore plus connu que l'Atomium ou la Grand-Place, il attire malgré sa petite taille les voyageurs du monde entier. En effet, loin du grandiose d'un imposant ouvrage, la statue de bronze ne mesure que 55,5 centimètres, une soixantaine avec le socle. La fontaine représente un petit garçon aux cheveux bouclés, originellement nu et en train d'uriner. Les costumes dont il est fréquemment vêtu contribuent à sa réputation.

Déformé par le grand public, son vrai nom est en réalité le « Menneke Pis ». Impossible de faire plus explicite, la traduction littérale étant « le petit homme qui pisse ». Irrévérencieuse à souhait, la statue est aujourd'hui considérée comme emblématique de l'humour et du caractère espiègle du peuple belge.

Au cours de votre escapade bruxelloise, certains l'appelleront peut-être par son autre sobriquet, « petit Julien ». Ne vous y trompez pas. Il s'agit d'une erreur historique, née de la confusion avec une autre fontaine du même nom, datée du 14e siècle… avec laquelle elle n'avait pourtant pas grand-chose en commun !

Derrière le symbolisme culturel, l'histoire du Manneken-Pis est riche en rebondissements. Les premières mentions de la statuette remontent au 15e siècle, dans des textes administratifs recensant les conduites et les points d'eau de Bruxelles.

Pendant des siècles, la fontaine joue un rôle majeur dans la vie du quartier pour la distribution d'eau potable, avant de se faire plus discrète. Tout d'abord placée au centre d'une grande dalle rectangulaire, elle finit par occuper un petit renfoncement mural. La statue originale est remplacée par l'effigie en bronze que nous connaissons tous.

Conçue en 1619 par un grand sculpteur de l'histoire de Bruxelles, Jérôme Duquesnoy l'Ancien, elle est définitivement installée en 1620. Elle gagne très rapidement en popularité, s'invitant au cœur de tous les événements et remplaçant son eau par du vin ou de la bière lors des jours de fête. De nos jours, elle fait partie des monuments incontournables de Bruxelles.

Parmi toutes les formes qu'une fontaine pourrait prendre, pourquoi avoir choisi celle d'un enfant en train d’uriner ? Pour trouver la réponse, il faut remonter jusqu'à l'Antiquité. Et plus précisément puiser dans la mythologie grecque, dont faisait partie Eros, dieu de l'Amour. Sa miction est souvent associée à la fertilité, immortalisée dans les arts comme la peinture ou la sculpture. Pendant des siècles, ses représentations ont pris place un peu partout dans les villes européennes.

Que vous décidiez de visiter Bruxelles en 2 jours ou d'y séjourner plus longtemps, ne vous laissez pas berner. La statue qui se trouve aujourd'hui à l'intersection de la rue de l'Étuve et de la rue du Chêne est une copie identique à l'originale. Située à moins de 300 mètres de la Grand-Place, elle est on ne peut plus facile d'accès depuis les hôtels du centre-ville, comme le Novotel Brussels off Grand Place ou le Louise Hotel Brussels - MGallery. Pour en profiter au maximum, organisez votre visite en basse saison, au petit matin ou en soirée, quand les foules se sont dispersées.

Informations pratiques

• Adresse : à l'angle de la rue de l'Étuve et de la rue du Chêne, 1000 Bruxelles
• Métro : arrêt Gare Centrale (lignes 1 et 5)
• Tramway : arrêts Bourse et Anneesens (lignes 3 et 4)
• Coût : accès libre

Cette histoire du Manneken-Pis compte parmi les favorites des Bruxellois. Imaginez une Bruxelles médiévale assiégée. Les assaillants, frustrés de ne pouvoir franchir les remparts de la ville, décident discrètement de l'incendier.

C'était sans compter sur l'intervention héroïque d'un petit garçon, habitué à se réveiller en pleine nuit pour faire ses besoins. Devant la mèche allumée, il n'hésite pas et éteint les flammes comme il peut. Pour le remercier, les bourgeois du quartier érigèrent une statue en son nom.

À chaque centre historique sa sorcière, et Bruxelles n'échappe pas à la règle. Pour préserver sa demeure régulièrement ciblée par les jets malpolis d'un enfant polisson, cette dernière décida de le changer en pierre. Ici, les versions diffèrent. On raconte aussi qu'elle tenta de le condamner à ce triste sort, mais qu'il fut sauvé par un vieillard, qui substitua au garçon une statuette lui ressemblant en tous points. À vous de choisir votre fin préférée !

Cinq éprouvantes journées. Si longue fut l'attente d'un riche père de famille, séparé de son fils perdu dans les rues de Bruxelles. Lorsqu'il le retrouva, celui-ci était en train d'uriner au coin de la rue de l'Étuve et du Chêne. Débordé de bonheur, le notable fit bâtir une statue en hommage à ce précieux moment.

Basée sur des faits réels, cette histoire du Manneken-Pis est la plus probable à ce jour. Elle prend racine lors de la bataille de Ransbeek. Pour galvaniser les troupes, il fut décidé que le très jeune duc de Lotharingie, fraîchement nommé après le décès de son père, serait de la partie. Son berceau fut suspendu à un chêne, surplombant l'action. Malgré sa présence, ses partisans se retrouvèrent bien vite en piètre posture. Probablement peu conscient des événements, le duc en herbe choisit ce moment critique pour se soulager. Y voyant un signal d'encouragement, ses troupes finirent par remporter la bataille. La fontaine, judicieusement installée rue du Chêne, honorerait la mémoire du petit stratège.

Pas encore élevé au statut d'icône de la mode, le Manneken-Pis a pourtant une garde-robe qui ferait pâlir d'envie n'importe quelle fashionista. Lors de votre balade insolite dans les rues de Bruxelles, vous pourriez goûter au plaisir d'admirer la statuette habillée d'une de ses mille et une tenues, différente d'un jour à l'autre. Cette tradition n'a rien de contemporain. Elle remonte au 17e siècle au moins, période à laquelle gouverneurs et autres autorités avaient pour coutume de célébrer les festivités locales en habillant la statue. Depuis, la ville de Bruxelles compte sur les donateurs pour compléter la collection du petit bonhomme de bronze.

Chacun est libre d'y aller de sa création en envoyant une demande au Collège des Bourgmestres et Échevins de la Ville de Bruxelles. Si vous souhaitez rentrer ainsi dans l'histoire du Manneken-Pis, sachez qu'il est strictement interdit de proposer des costumes à caractère religieux, commercial ou politique. Chaque nouvel habit est officiellement remis lors d'une cérémonie à l'hôtel de ville.

Chaque année, le jeune garçon reçoit entre 20 et 30 nouvelles tenues qu'il se doit de porter au moins une fois dans sa vie. Elles sont ensuite entreposées au musée GardeRobe MannekenPis, où plus de 1 000 costumes sont conservés. Parmi les plus connus, on retrouve les habits du Père Noël, de l'équipe de foot nationale, du préservatif de Sidaction, d'Elvis Presley ou d'une armure intégrale de samouraï. Le plus ancien, daté de 1747, fut offert par Louis XV aux Bruxellois.

Informations pratiques

• Adresse : 19 rue du Chêne, 1000 Bruxelles
• Métro : arrêt Gare centrale et De Brouckère (lignes 1 et 5)
• Tramway : arrêt Anneessens (lignes 3 et 4)
• Horaires d'ouverture : du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h

L'histoire du Manneken-Pis est truffée de rebondissements. À vrai dire, personne ne sait réellement si la statue conservée dans le musée de la ville de Bruxelles est bien celle de 1619. En 2015, une étudiante se penche sur son parcours et remet en doute l'origine de la pièce conservée. Depuis, des analyses chimiques sont toujours en cours, même si la ville a bon espoir de détenir le bon artefact.

Outre la tentative de vol commise par les soldats de Louis XV, elle fut la cible de nombreux autres malfaiteurs. En 1817, l'un de ses potentiels ravisseurs échoue et est condamné aux travaux forcés à perpétuité, après avoir brisé la statuette dans sa fuite. En 1965, elle est une nouvelle fois dérobée par une bande d'étudiants ivres, avant d'être repêchée au fond du canal Charleroi-Bruxelles.

Autant d'événements qui ont largement contribué à remettre en question l'authenticité de la pièce conservée au musée. Les vols se sont popularisés au point de faire partie intégrante de la culture locale. Il est même possible de participer à un escape game dont le but est de retrouver la planque d'un voleur fictif.

Aujourd'hui une attraction touristique hors normes à Bruxelles, le Manneken-Pis a donné vie à d'autres statues bien moins connues. C'est le cas de Jeanneke-Pis, son alter-ego féminin. Pour la découvrir, rendez-vous dans l'impasse de la Fidélité, à quelques centaines de mètres de son homologue masculin. Là aussi, une jeune fille à couettes en train d'uriner a été érigée en fontaine, à la demande d'un propriétaire — désormais décédé — de multiples boutiques du quartier. Coup marketing ou contribution symbolique à l'équilibre entre les hommes et les femmes ? À vous d'en décider.

Vous visitez Bruxelles avec votre animal de compagnie ? Ne manquez pas de lui présenter Zinneke-Pis, rue des Chartreux. Cette fois-ci, c'est un chien qui est représenté levant la patte contre un potelet de Bruxelles. Là encore, découvrez le zwanze, l'humour populaire belge, dans toute son ampleur.

Derrière son air innocent, le garçon éternel est un puissant ambassadeur. L'histoire du Manneken-Pis a traversé les frontières et les siècles. On en retrouve des répliques officielles dans des contrées voisines comme lointaines :

• En France, à l'hôtel de police de Poitiers et au palais de justice de Colmar, commémorant les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale
• Au Japon, dans le centre-ville de Nagoya et à Osaka
• En Angleterre, à Londres
• En Espagne, à Benalmádena

Maintenant que vous savez tout sur le Manneken-Pis, planifiez la prochaine étape de votre séjour en Belgique ! Consultez notre guide de Bruxelles et concoctez-vous un programme touristique qui vous ressemble.